It's All Your Fault
Toutes les informations ici.
Chapitre précédent (sur le blog de Lilou) :
Chapitre 1 (partie 1)
Chapitre 1 (partie 2)
Si vous ne les avez pas encore lus ;)
PS : J'ai décidé d'agrémenter mon chapitre d'images pour alléger le tout, sachant que je ne suis pas
moi-même une grande fan des textes denses en format électronique.
PPS : Désolée, il y a un truc bizarre qui s'est passé avec les tirets des dialogues...
Chapitre 2
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Chapitre 1 (partie 1)
Chapitre 1 (partie 2)
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PS : J'ai décidé d'agrémenter mon chapitre d'images pour alléger le tout, sachant que je ne suis pas
moi-même une grande fan des textes denses en format électronique.
PPS : Désolée, il y a un truc bizarre qui s'est passé avec les tirets des dialogues...
Chapitre 2
Je m'effondre sur mon
lit moelleux, complètement exténuée. On est lundi soir, cinq jours après la
rentrée, et c'est à peine si mes fesses ont effleuré ma courtepointe jaune
depuis quatre jours. Bon, j'exagère un peu, mais j'ai vraiment été débordée
depuis que je suis arrivée ici. Je n'ai même pas eu le temps de défaire ma
malle et de placer mes livres sur l'étagère à côté de mon lit, c'est tout dire.
Habituellement, mes partenaires de chambre n'ont pas mis un pied dans la pièce
que j'ai déjà sorti tous les vieux classiques moldus de ma mère : F. Scott
Fitzgerald, Maupassant, J. D. Salinger, Jane Austen et compagnie. J'ai bien remarqué
que ces romans ne faisaient pas l'unanimité, surtout auprès de Josie Digger,
celle qui a le lit en en face de moi, mais pour ce que ça peut me faire...
Ayant un père sorcier et une mère moldue, je m'en balance bien que ce que
peuvent penser tous ces fanatiques de la ''race pure''. Enfin bref, je pense surtout
que Josie a peur que l'un de ces exaltés tombe sur mes livres et l'accuse de
complicité. C'est ridicule. On ne devrait plus réfléchir de cette manière
aujourd'hui, le pire est derrière nous. Rien de tout ça n'aurait jamais dû
arriver.
De toute manière, je
sais bien que ces livres plaisent autant à mes amis qu'à moi, alors je ne m'en
priverai pas. Fred, ma fidèle partenaire de classe et voisine de lit, raffole
de Fitzgerald. Elle est infatigable, toujours à jacasser ou à sautiller partout
: je suis persuadée qu'elle rêverait de pouvoir faire de grandes fêtes à tous
les soirs comme celles de Gatsby. Elle a même la coupe garçonne des années 20
et une garde-robe complète débordant de paillettes et de perles, hormis l'uniforme,
évidemment. Il ne lui manque donc qu'une occasion pour fêter, ce qu'elle a
habituellement peu de difficultés à dénicher. Je dois m'avouer soulagée qu'elle
ne soit pas en train de traîner dans les dortoirs en ce moment, sinon je
pourrais dire adieu à mes quelques minutes de tranquillité avant le dîner...
Audrey, une amie
d'enfance de 2 ans ma cadette et qui est aussi à Poufsouffle, préfère Boris
Vian pour ses métaphores. Personnellement, je n'aime pas trop l'absurdité dans
ses livres, mais je persiste à les apporter année après année pour lui faire
plaisir. Je parie qu'elle n'y pige pas grand-chose non plus, elle qui a
toujours vécu dans le monde des sorciers, mais bon, je crois qu'elle aime bien
se perdre dans les mots pour échapper à sa vie, parfois. Ou alors, elle
comprend dans ces enfilades de termes décousus une poésie qui me dépasse. À
vrai dire, Audrey m'a toujours semblé avoir une âme beaucoup plus réceptive à
la magie de tous les jours que la plupart des êtres vivants. Elle sait saisir
la beauté des petites choses, remodeler le monde à sa façon. C'est également
valable pour la véritable magie, celle qui circule dans chaque sorcier, ce qui
lui vaut d'être une élève exceptionnelle, bien qu'elle ne se fonde pas toujours
dans les moules de l'éducation imposée par le ministère de la magie. Elle est
particulièrement forte en divination. Mais si elle est aussi sensible à la
magie blanche, il s'avère que la magie noire et les mauvaises expériences ne la
percutent que plus fortement, ce qui peut la faire énormément souffrir.
J'aimerais tant la protéger quand la noirceur s'empare d'elle, mais j'ai fini
par comprendre qu'elle seule pourrait un jour contrôler cette valve de magie
dans les tréfonds de son esprit. Qu'elle seule pourra réduire l'impact qu'ont sur
elle les forces sombres, pour laisser filtrer plus de lumière.
Léna, ma meilleure amie
à Poudlard, a eu un énorme coup de cœur pour Le Compte de Monte-Cristo. Ça ne me surprend pas, elle qui est
toujours à la recherche d'aventure. En ce moment, j'imagine qu'elle est en
train d'explorer les donjons du château ou à essayer de grimper dans le saule
cogneur avec Elio, un de nos amis qui est aussi téméraire qu'elle, et Diego,
qui doit sûrement suivre malgré lui pour essayer de s'assurer que personne ne
se blesse (ce qui va bien arriver un jour ou l'autre, si vous voulez mon avis).
Nous avons toujours eu un tempérament semblable, rêveuses comme pas possible,
ce qui fait que nous nous sommes tout de suite bien entendues quand nous avons
fait connaissance dans le Poudlard Express en première année. Par contre, pour
ce qui est des sensations fortes, je connecte curieusement plus avec Diego !
Jake, mon meilleur ami
depuis la première année, ne jure que par Salinger. À vrai dire, c'est comme ça
que nous nous sommes rencontrés, puisqu'il est à Serpentard et moi à
Poufsouffle. Nos deux maisons avaient le cours d'histoire de la magie en commun
et, comme Jake s'ennuyait pour mourir à écouter M. Binns, il a essayé de faire
léviter mon exemplaire de L'Attrape-Coeur,
qui se trouvait dans une pochette de mon cartable, jusqu'à lui. J'ai rattrapé
mon livre au vol, avant de le fusiller du regarder. Cependant, je me suis
résignée le jour où il a carrément métamorphosé mon livre en un cœur qui
battait assez fort pour faire sursauter M. Binns, qui ne répond pourtant plus à
grand stimuli. Ça m'a tellement mise hors de moi que j'ai seulement empoigné le
cœur avant de le lui jeter à la figure, trois rangées plus loin, sans même avoir
le temps de songer à quel point c'était répugnant. Il faut croire que mon caractère
lui a plu, car il ne m'a plus lâchée d'une semelle par la suite. Certes, il n'a
pas vraiment eu le choix puisque nous avons été en retenue ensemble pendant un
mois, à ramasser la pagaille que Peeves, l'esprit frappeur, laissait derrière
lui. Autant vous dire que ça aura été ma première et dernière retenue, mais pas
pour Jake. Même s'il aime généralement faire ses mauvais coups de façon
anonyme, il lui est arrivé de se faire attraper par Rusard. Il ne fait jamais
rien de bien mal, ses tours font rire les gens plus souvent qu'autrement, mais
Rusard n'aime pas qu'on manigance des trucs dans son dos. Quoi qu'il en soit,
je ne lui ai personnellement pardonné qu'à la fin de la première année, quand
il m'a déniché une copie originale de L'Attrape-Coeur.
(Je le soupçonne toujours de l'avoir volée, lui qui ne peut pas se procurer
d'argent moldu sans que ses parents, du genre fanatique de la race, ne se
doutent de quelque chose, mais bon, c'est l'intention qui compte. En plus, sa
famille a beau être aisée, ces éditions coûtent une fortune !)
Et puis Rachele....
Elle n'aime pas lire, sauf si ce sont des manuels scolaires, bien entendu. Elle
reste une Serdaigle, elle serait plutôt mal barrée si elle ne lisait pas ses
livres de cours ! C'est tout de même dommage, elle qui est née moldue, ça lui
ferait un lien avec sa culture d'origine. J'ai toutefois cru comprendre qu'elle
préférait tout oublier de cette autre vie, elle qui a beaucoup souffert pendant
le divorce de ses parents l'année de ses 9 ans. Ce qu'elle aime par dessus tout,
c'est le Quidditch. Elle s'y donne corps et âme. Je dois dire que ça paye, elle
est carrément douée ! Tout comme à l'école d'ailleurs... Remarque, ça n'a rien
de bien surprenant, cette fille est tellement organisée et rationnelle qu'elle
semble née pour les études. Je me demande souvent comment j'ai pu être nommée
préfète-en-chef, moi qui suis tellement tête en l'air, alors qu'elle aurait été
parfaite pour le rôle dans sa maison et qu'elle n'a pas été sélectionnée!
Moi ? Honnêtement, je
n'en sais rien. Mon livre préféré change pratiquement à tous les mois, alors
que je parcours assidûment la collection de ma mère. Je suis plutôt bon public,
en autant que les mots m'emportent. Encore heureuse que mon père m'ait montré
comment jeter un sortilège d'extension indétectable à ma malle, sans quoi je
n'aurais jamais eu assez de place pour trimballer ma pile à lire. Je dirais que
mon bouquin favori du moment, c'est Alice
au pays des merveilles. J'espère juste ne pas devenir aussi folle que les
personnages d'ici la fin de l'année, entre les cours, les préparations pour
l'ASPIC, mes tâches de préfète, et ma vie sociale, aussi mince soit-elle. Je ne
suis pas du genre à angoisser, du moins, plus maintenant, n'empêche que j'aime
avoir du temps dans ma bulle, à rêvasser, à paresser ou à créer. Mais bon, je
sais m'appliquer à la tâche, tant que j'ai quelqu'un pour ramener à l'ordre
quand mes idées s'éparpillent un peu trop.
Justement, toutes ces
pensées se mélangent dans ma tête alors que je scrute les petites lucarnes
rondes à la tête des trois lits en face de moi. À cette heure-ci, il n'y a plus
grand chose à voir, je discerne à peine les longs brins d'herbe collés à la
fenêtre. J'aperçois quelques ombres furtives, mais je me dis que ce sont assurément
des gnomes de jardin. Je me concentre donc sur les plantes suspendues près de
mon lit, tandis que je me sens peu à peu sombrer, au son du feu de cheminée
dans la pièce à côté.
♦♦♦
- — IMPERIO
!
Des
gens. Des gens partout. Sorciers, moldus. Sang-purs, sang-mêlés, sang-de-bourbes.
Ces saletés de sang-de-bourbes. Mais qu'est-ce qui me prend ? Plusieurs de mes
meilleurs amis sont nés moldus !
Au
début, je ne distingue aucun visage connu parmi la foule. Puis j'aperçois,
Jake, plus grand que tous les autres d'une tête. Des préfètes, Léna, Camille,
Pauline, Honorine et Lilou, qui se tirent les cheveux au point que du sang
dégoûte sur leurs tempes et dans leurs cous délicats. Mes parents et ma sœur
qui rampent par terre, piétinés par tous ces gens. Une grande ombre domine l'espace
de ses tentacules vaporeuses. Mais ce n'est pas l'ombre qu'ils regardent tous.
C'est
moi.
Leurs pupilles sont ternes. Leurs yeux
s'effritent.
La
masse se referme sur moi, murmurant des sons incompréhensibles. Qui deviennent
des syllabes. Des mots. Des phrases. Des idées.
— Toi.
Ou elle. C'est toi, ou elle.
Soudain,
les flots de corps se séparent pour ne laisser qu'une personne, tout au centre.
Rachele, qui m'observe de ses grands yeux verts. Sa lèvre tremble, mais elle la
mord pour essayer de contenir le tremblement.
- — AVADA
KEDAVRA !
Et
Rachele s'effondre sous le coup d'un éclair vert.
♦♦♦
Je me réveille en nage,
totalement désorientée. C'était quoi ÇA ? Ce n'est toujours pas moi qui aie tué
Rachele, si ? Non Sandrine, ce n'était
qu'un rêve. Tu ne vas quand même pas te mettre à prendre tes cauchemars pour
des réalités rendue à 17 ans ! Mais quand même, c'était plutôt saisissant
comme scène... Bon sang ! Qu'est-ce que j'ai bien pu manger pour faire un rêve
pareil ? Ah voilà : rien. Au même moment, j'entends mon estomac gargouiller. Je
me lève donc péniblement et me rends dans la salle commune, où j'aperçois
Honorine Windsor, une préfète de 5ième année, assise devant le foyer en
compagnie d'Audrey, qui est très concentrée à faire voler, à l'aide de sa
baguette, des oiseaux en origami dans tous les coins de la salle.
- — Laissez-moi deviner : j'ai manqué le
dîner, c'est ça ?
- —
Et ton tour de garde, me laisse voir
Honorine. Mais c'est bon, je t'ai remplacée.
- — J'ai dit aux elfes de maison de te
garder une portion de côté. T'as qu'à aller voir Grigurt, je crois que c'est
lui qui s'en charge. Mais à ta place, je lui donnerais ta portion de salade de
fruit pour lui faire plaisir, j'ai vu comment il la dévorait du regard...
rajoute distraitement Audrey, les yeux fixés sur ses oiseaux.
- — Oh merci, je ne sais pas comment je
ferais pour survivre sans vous.
Je m'échappe de la
salle commune avant qu'un première année ne puisse venir me faire part de ses
dernières bêtises ou qu'un autre préfet ne vienne me signaler un problème au
deuxième étage. Je dois juste manger avant que mon estomac ne s'auto-digère.
J'arrive devant un
grand tableau représentant une nature morte et je gratte la poire verte jusqu'à
ce que le passage vers les cuisines s'ouvre. Tout bon élève de Poufsouffle connaît
l'entrée des cuisines dès ses premières journées. Que voulez-vous, nous ne
pouvons pas résister à notre estomac... Et il faut bien avoir un avantage à
dormir près des cuisines !
- — Mlle Tremblay, s'exclame une petite voix
haut-perchée, quel honneur ! Grigurt à votre service ! Je vous apporte votre
assiette.
L'elfe de maison claque
des doigts et un plateau alléchant se met à léviter sous mon nez, comme soutenu
par un mince filet de brume.
- — Tu sais Grigurt, je t'ai déjà dit que je
n'étais pas une duchesse ou un truc dans le genre. Tu peux même me tutoyer,
depuis le temps qu'on se connaît...
- — Mlle Tremblay est trop modeste. Mlle
Tremblay est très importante, elle dirige tous les préfets. Je suis certain que
Mlle Tremblay fera de grandes choses cette année !
- —
Bon, si tu le dis... déclaré-je en
m'agenouillant pour être à sa hauteur. Très cher sujet Grigurt,
accepteriez-vous cet aimable présent de la part de votre majesté ?
Ses gros yeux globuleux
se mettent à briller à la simple vue du bol de salade de fruit que je lui tends.
Son regard oscille entre moi et la salade, mais voyant que je l'encourage bel
et bien à la prendre, il finit par s'en emparer avec excitation.
Je m'assoie ensuite sur
un banc adapté aux elfes, où je dévore le contenu de mon assiette tout en
bavardant avec Grigurt, lequel s'affaire à diriger les elfes qui font la
vaisselle du dîner. À la fin du repas, je ne sens pratiquement plus mes jambes
tellement je suis pliée sur mon tabouret, mais j'ai été mise au courant de
toutes les tâches ménagères importantes qui ont été réalisée par les elfes de maison
durant l'été. Grigurt et ses amis en sont tout fiers.
Je repars me coucher le
sourire aux lèvres, la tête vidée de mes soucis.
Le lendemain matin,
j'ai histoire de la magie, où je m'assoie avec Léna pour que nous nous
plaignions en cœur de la monotonie de M. Binns. Le cours finit par passer vite,
mais j'ai toujours une petite pensée pour le bon vieux temps où Jake me volait
mes bouquins pendant ce cours. Qui aurait cru que je regretterais de voir mes
choses disparaître les unes à après les autres ? Vous aurez compris qu'il
n'avait pas renouvelé le cours d'histoire après ses BUSES, par manque flagrant
d'intérêt pour les grandes guerres magiques et les traités de paix avec les
peuples marins, entre autres.
Entre le cours
d'histoire et celui de métamorphose, Léna et moi croisons le nouvel élève,
Isaac, qui sort de la classe de Rogue. Il a de grands cernes sous ses yeux
noirs, comme s'il n'avait pas dormi depuis notre arrivée ici, et son attitude
est plutôt nerveuse. En voilà un autre
de débordé, me dis-je pour moi-même. Ça va être beau aux examens.
- — C'est bizarre, murmure Léna, ma soeur m'a
dit qu'elle l'avait déjà vu traîner dans sa classe et qu'il avait retrouvé le
nom de Rogue dans les affaires de son père à son décès.
- —
Et qu'est-ce qu'il fait encore là à ton
avis ?
- — Je ne sais pas, il veut peut-être
devenir un Mangemort. Peut-être que son père l'était, avance prudemment Léna. Après
tout, Rogue a toujours la marque des ténèbres, alors rien ne nous prouve qu'il
n'a plus de liens avec eux...
- — Chuuuut, ne parle pas de ça ici. Non,
non, je suis presque certaine qu'il avait simplement une question pour le
devoir sur le maléfice cuisant.
- — En tout cas, ce que je dis moi, c'est
qu'on devrait demander aux autres préfets s'ils ne l'ont pas vu agir
étrangement... Tiens, il y a Camille et Pauline là-bas, elles savent peut-être
quelque chose.
Léna me tire par le
bras jusqu'à elles, manquant de peu de me faire trébucher.
- —
Hey les filles, vous n'auriez pas remarqué
quelque chose de pas net avec cet Isaac Bellington ? Surtout que vous avez des
cours ensemble...
Camille et Pauline se
jettent un regard en coin.
- — Justement, commence Camille... Tu sais,
l'autre jour, celui où Evan Kudzin a été pétrifié ? Eh ben, si je me souviens
bien, j'ai cru le voir rôder dans les parages durant ma tournée de routine dans
l'avant-midi. Sur le coup, je n'ai pas porté attention, mais ça m'est revenu
par après. Ça ne veut certainement rien dire, mais bon, ce n'était pas un
couloir près des dortoirs de Serpentard, ni d'aucune salle de cours...
À cette déclaration, je
vois Pauline pincer les lèvres et détourner discrètement le regard. Étrange.
- — D'accord... répond songeusement Léna. Autre
chose ?
À ces mots, l'attention
de Pauline revient soudainement vers la conversation.
- — Si. L'autre jour, alors qu'on attendait
pour notre heure de pratique sur le terrain de Quidditch, il y avait ton amie
Rachele qui s'entraînait toute seule. Je ne sais pas, elle voulait probablement
réfléchir à une stratégie pour son équipe, maintenant qu'elle est capitaine...
Quoi qu'il en soit, j'ai remarqué qu'Isaac se tenait tout au fond des gradins,
un peu dissimulé, et qu'il ne la quittait pas des yeux. Si tu veux mon avis,
elle ne le laisse pas indifférent.
- —
Sérieux !? m'exclamé-je, incrédule. Si
je m'attendais à ça ce matin... J'espère juste qu'on se trompe sur son compte
et qu'il n'y a rien qui cloche avec lui, sinon il risque de se retrouver avec ma
baguette sous le nez ! Et puis d'abord... C'est moi où il aime les femmes plus
mures que lui ?
Les filles éclatent de
rire, tout en gardant, pour certaines, un air inquiet. À ses mots, nous nous
quittons pour ne pas arriver en retard à nos cours respectifs. J'intime tout de
même à Camille et Pauline de garder Isaac à l'œil, par précaution.
♦♦♦
Le mardi soir, j'ai mon
premier cours d'astronomie, qui est probablement l'un de mes cours préférés.
Pas que j'aime tout particulièrement reconnaître les étoiles et étudier leurs
effets sur nous, mais je trouve l'ambiance de ce cours féerique. J'adore me
retrouver avec mes meilleurs amis en haut de la tour d'astronomie et contempler
la Voie lactée, qui se reflète sur le lac. Ça a toujours été un moment
grandiose pour moi.
Pour profiter du
spectacle au maximum, je décide d'arriver au cours en avance. Les marches en
bois grinçantes qui mènent au sommet de la tour annoncent tout de suite mon
arrivée à Aurora Sinistra, la professeure d'astronomie. Elle me salue vivement
de son petit bureau tout au fond de la pièce, où elle s'applique à astiquer un
télescope. Seuls ses yeux se détachent de l'obscurité, sa peau d'ébène se
fondant dans la noirceur. J'échange quelques banalités avec elle avant de
m'avancer vers de la rambarde, dans la seule zone éclairée par la lune. Je m'y
accoude et j'avance mes pieds jusqu'à ce que mes orteils surplombent la cour
ouverte en contrebas. Le château est nimbé d'un halo argenté, exactement comme
dans mes souvenirs, et le firmament est constellé d'étoiles à perte de vue.
C'est à couper de souffle.
Soudain, je vois une
étoile filante déchirer le ciel, une fraction de seconde à peine.
- — On fait un vœu ? me murmure une voix à
l'oreille.
Jake.
Je me retourne pour le
voir s'accouder à côté de moi, tellement près que nos bras se touchent. Je
l'observe se concentrer sur son vœu, les yeux perdus à l'horizon. Ses cheveux
irradient sous le clair de lune. Les contours de son visage effilé semblent
presque tranchants, la bosse sur son nez, résultat d'une fracture l'été avant
la deuxième année, paraît d'autant plus.
- — C'est fait, finit-il par dire après un
bon moment. Alors, quoi de neuf ? Je ne t'ai presque pas vue depuis samedi.
- — Je... Pas grand-chose d'intéressant, à
vrai dire. On a retrouvé Evan Kudzin pétrifié dans un couloir, l'air prêt à
vouloir mettre son poing dans le mur. Et il y a des élèves de premier cycle qui
avaient lancé des rumeurs comme quoi des esprits malfaisants rôdaient dans les
chambres la nuit, mais j'ai réussi à étouffer l'affaire en donnant des
choco-grenouilles aux élèves qui persistaient à faire peur à leurz camarades.
Et tu savais que le nouveau, Isaac Bellington, avait potentiellement un œil sur
Rachele ? Enfin, ce ne sont que des rumeurs, mais je ne sais pas si on peut lui
faire confiance, certains le soupçonnent pour l'affaire Evan... Tu sais quelque
chose ? Il est quand même à Serpentard, non ?
Je me rends compte que
je viens de faire un monologue entier quand je peine à reprendre mon souffle.
Heureusement que Jake est habitué. Je jacasse, il écoute. Ça a toujours été
comme ça entre nous, c'est à croire qu'on a signé un contrat comme quoi je
fournis 90% de la conversation.
- — Wouah ! J'ai demandé les derniers potins
de préfets ? C'est drôle, j'aurais juré avoir demandé des nouvelles de Sandrine
Tremblay !
- — Oh,
pardon M. Jake Hudson ! J'ai oublié la réponse convenue : je
m'ennuie éperdument de vous, voilà une semaine que je me morfonds dans mon
dortoir, me languissant de vous revoir. Il est vrai que je m'égare sans la
présence d'un membre de la gente masculine...
- — Oh bon sang, je ne voudrais pas
interrompre quelque chose entre Roméo et Juliette, c'est des plans pour que
vous finissiez par vous tuer ! s'exclame Fred qui arrive en trombe, suivie de
quelques élèves qui arrivent pour assister au cours.
Elle passe son bras
autour de mon cou, mais le défi est trop grand du côté de Jake, qui la surpasse
d'au moins une tête, alors elle finit par se rabattre sur son bras.
- — Hey, j'ai eu une idée, continue-t-elle.
On pourrait faire une fête de la rentrée chez Hagrid. La semaine prochaine,
tiens ! Vous en dîtes quoi ? On invite toute la bande, on amène tous quelque
chose - même si on sait que c'est Rachele qui va faire les meilleurs gâteaux - et
on célèbre le début de notre dernière année ! Si c'est pas une bonne idée ça...
- — Heu... Si... Mais Hagrid, il est
d'accord ?
- — Oui ! Tant qu'on respecte le couvre-feu,
il est partant ! Alors ?
J'accepte, même si une
petite voix dans ma tête s'acharne à me dire que j'ai déjà assez de boulot
comme ça. Mais tant pis, ça va être l'occasion de relaxer. Jake hoche la tête,
aussi bavard qu'à son habitude, puis le cours commence. J'ai complètement
oublié de lui redemander pour Isaac.
Ce n'est que deux jours
plus tard que j'ai l'occasion de faire avancer le ''cas Isaac'', comme je me
plais désormais à l'appeler dans ma tête. Après avoir dégusté mon déjeuner en
papotant avec Audrey, Fred et Honorine, je me lève pour entamer ma tournée de
routine dans le château, question de m'assurer que personne ne mijote de sale
coup ou ne se retrouve dans une situation précaire. Je commence toutefois par
faire le tour de la salle, serpentant entre les longues tables. D'abord
Poufsouffle, où je m'arrête à plusieurs reprises pour parler à des camarades.
Ensuite Serpentard, où je lance quelques blagues à Elio et où Jake m'annonce
sans préambule qu'il me réserve pour samedi, histoire de s'amuser un peu. Puis
Gryffondor, où je salue Pauline, qui me pose une question à propos de sa
tournée de la soirée. Enfin, Serdaigle, où j'échange quelques potins avec Léna
et Rachele. Cette dernière me semble particulièrement souriante. Un peu plus
loin, Lilou m'adresse à peine un regard, préférant visiblement picorer deux
trois petits pois dans son assiette. J'essaie de ne pas trop me vexer, mais il
faudrait que je me souvienne de demander à Léna si j'ai pu faire quelque chose
qui aurait blessé sa sœur.
Je termine ma tournée
de la salle en passant devant la table des professeurs, que je salue de la
tête, puis en sortant par une porte latérale pour poursuivre mon chemin.
Aussitôt, le brouhaha est étouffé, ce qui me donne l'impression d'une liberté
soudaine.
C'est l'une des choses
que j'apprécie le plus dans le fait d'être préfète : avoir l'occasion, l'obligation
même, de faire de longues ballades dans le château. Enfin, ça et la magnifique
salle de bain des préfets, bien entendu. Ça me donne l'occasion de me vider la
tête, mais surtout, d'explorer des petits coins jusqu'alors inconnus, malgré
toutes ces années. Comme aujourd'hui, alors qu'un escalier en mouvement me fait
découvrir un tout nouveau couloir poussiéreux, où personne ne semble avoir mis
les pieds depuis le début du siècle.
Et pourtant.
Je tombe sur le fameux
Isaac Bellington, perché au bord d'une fenêtre. Il pratique son sortilège
d'amplification sur des araignées qui marchent le long du mur. Je suis bien tentée
de rebrousser chemin et de le laisser à ses affaires, mais je prends finalement
mon courage à deux mains pour aller faire connaissance avec lui. Après tout, en
tant que préfète-en-chef, j'ai une bonne raison de me présenter... J'imagine ?
- — Salut...?
Isaac sursaute et manque
son sort, qu'il envoie valser sur une statue de centaure. La créature de pierre
grandit de 2 bons mètres. Elle aurait défoncé le plafond si je n'avais pas
lancé :
- — Reducto
! À l'avenir, j'apprécierais que tu ne fasses pas grossir les araignées, je
dois avouer que je ne les aime pas particulièrement, hum... Isaac, c'est bien
ça ?
Feindre l'ignorance
pour ne pas révéler que j'écoute les rumeurs à son sujet, quelle stratégie !
- — Exactement. Et toi, tu dois être
Sandrine ? Je te vois souvent traîner près des dortoirs de Serpentard avec ton
petit ami.
- — Heu...? Pardon ?
- — Oh non, non, bafouille Isaac, je ne vous
espionne pas, j'ai juste constaté...
- — Eh bien, tu devrais revoir tes constatations,
parce que je ne sors pas avec Jake. Ni avec qui que ce soit d'ailleurs.
Isaac hoche lentement
la tête, comme s'il cherchait à savoir si je dis la vérité ou non, puis il se passe
la main dans les cheveux et détourne le regard. Je ne sais pas pourquoi, mais
je pourrais presque jurer qu'il a lancé un sortilège d'amplification sur le
malaise qui flotte entre nous.
- — Enfin bref, je voulais seulement me
présenter officiellement. Je ne sais pas si quelqu'un t'a mis au courant ou
s'il y avait un système semblable à Ilvermorny, mais je suis préfète-en-chef
ici, ce qui veut dire que je fais des tournées de surveillance dans l'école et
que je gère tout un tas de problèmes. Si jamais je peux t'aider, n'hésite
pas...
- —
Non, c'est bon, me coupe-t-il. Enfin, je
veux dire, pour le moment. On avait effectivement quelque chose de similaire
chez nous.
- — Parfait....
Un silence s'étend,
alors je m'efforce de le combler.
- — Tu t'ennuies de l'Amérique ?
- — Oh, tu sais, il ne me restait plus
grand-chose là-bas. Mon père est mort il n'y a pas très longtemps, alors ma
mère a décidé qu'on pourrait recommencer notre vie à zéro de l'autre côté de
l'océan.
Malaise.
- —
Je suis désolée... J'espère que vous
allez vous plaire ici.
- — Merci. Dis-moi : je suis peut-être à
côté de la plaque, mais il y avait quelques Tremblay à Ilvermorny. Tu n'aurais
pas de la famille en Amérique ?
Miracle, il a trouvé un
sujet de conversation.
- — En fait oui, du moins, des restants
lointains. Mes arrière-grands-parents paternels étaient québécois, ils sont
donc allés à Ilvermorny. Les deux étaient à Pukwudgie, si je me souviens bien.
Ils ont déménagé en Grande-Bretagne au début du 20ième siècle, quand ma grand-mère, qui étudiait les
oiseaux magiques, a décidé de venir poursuivre ses recherches ici. Leur fille
aînée est restée en Amérique, alors ce sont peut-être ses descendants !
- — Probable ! Par curiosité, c'était quoi
son nom ? J'ai envie de demander à l'un de mes amis là-bas s'il n'a pas entendu
parler d'elle. Il est calé en histoire.
- — Lucinda Tremblay. Elle était à Horned
Serpent.
- — Vraiment ? C'était ma maison ! On voit
le lien avec Serpentard !
- — Oui, haha ! Bon, je te laisse, je dois
continuer ma tournée. En tout cas, tu m'en donneras des nouvelles !
Il me promet de le
faire, avant de me saluer amicalement. Ce n'était pas si pénible finalement, je
dirais même qu'une fois les malaises passés, il était plutôt sympathique.
♦♦♦
Je passe une fin de
semaine très agréable, tellement que j'en viens à me trouver ridicule de m'être
sentie si débordée au début de la semaine. J'ai toujours survécu à Poudlard,
alors je ne vois pas en quoi cette année serait différente !
Samedi, Jake et moi
nous mettons d'accord pour aller nous baigner dans le lac. La journée est
particulièrement torride et nous nous disons que ce sera probablement la
dernière assez chaude pour pouvoir se baigner avant le mois de juin. Malgré
tout, peu de gens osent s'aventurer dans le lac, par peur de représailles des
êtres de l'eau. J'étais moi-même craintive jusqu'en troisième année, où Jake a
décidé de devenir pote avec une sirène qui passait souvent près de la vitre de
sa chambre. Ils se sont mis à communiquer en langage des signes improvisé à
travers la vitre et depuis, les êtres de l'eau l'aiment bien. Ils passent même
par lui lorsqu'ils ont des requêtes pour Dumbledore. C'est une situation plutôt
cocasse.
Nous nageons jusqu'à la
petite île au milieu du lac, sur laquelle nous passons ensuite l'après-midi à
paresser au soleil entre deux séances dans l'eau pour se rafraîchir. Le
contraste est frappant entre les rayons brûlants du soleil et la fraîcheur
apaisante de l'eau.
À la tombée de la nuit,
nous nous introduisons dans un hangar à bateau. Nous nous assoyons au bout du
quai, mais tout de même à l'abri du vent, pour ne pas congeler dans nos
maillots mouillés. Jake finit par dénicher une pile de journaux, qu'il fait
flamber dans les airs avec sa baguette.
La conversation dérive
sur toutes sortes de sujets, de conneries à des sujets plus sérieux. Nous en
venons même à spéculer sur notre avenir. Jake m'avoue qu'il voudrait travailler
au ministère et je reconnais bien là l'ambition des Serpentards. Pour ma part,
je me verrais bien créer un cours d'art et de littérature magique à Poudlard,
mais ce n'est encore qu'un rêve un peu fou.
Nous rentrons bien
après le couvre-feu, ce qui fait que je me lève en retard pour mon rendez-vous
d'étude avec Léna le lendemain matin. Quand je lui explique la raison, elle se
met à me regarder avec des gros yeux.
- — Quoi ?? Il y a quelque chose qui cloche
avec moi ? J'ai oublié un devoir ?
- —
Ben voyons. Tu vois vraiment rien,
Sandrine ? Ne me dis pas que t'as pas compris.
- — Compris quoi ? Arrête, tu m'inquiètes.
- — C'ÉTAIT TELLEMENT UN RENDEZ-VOUS GALANT
! hurle Léna, le sourire fendu jusqu'aux oreilles.
Je me jette sur elle,
essayant à tout prix de la faire taire avant que quelqu'un ne l'entende. Comme
de fait, une douzaine de deuxièmes années énervés se ruent sur nous.
- —
Ce n'est même pas vrai, ce qu'elle dit,
bredouillé-je en me tournant vers eux. Je veux dire... Parfois, si, mais pas
là, euh....
Tous les jeunes devant
moi me regardent bizarrement. Puis, poussée par les autres, la plus
maigrichonne du groupe s'avance, l'air désemparé, en tenant une lettre dans ses
mains. Elle me la tend, avant de s'enfuir, en larmes. Léna part à sa poursuite,
tandis que je reste là, à lire.
Que des menaces, des
insultes, des injures.
Le tout écrit d'une
main tremblante.
Sang-de-bourbe.
Et voilà :D
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !
Le prochain chapitre sera sur le blog Les Petites Lectrices.
Je mettrai le lien ici et dans la liste (cliquez sur l'onglet dans la barre latérale droite !).
À bientôt ♥ !
Trois fois que j'essaie d'écrire ce commentaire et soit la connexion saute, soit c'est google qui me fait des blagues.
RépondreEffacerBreeef
Pour la troisième fois je t'explique à quel point j'ai pris plaisir à lire cette fanfic très immersive. J'ai retrouvé l'ambiance de Poudlard, son univers magique, hors du temps,on se prend très vite au jeu ! Pari réussi, je m'y voyais ! Le mélange des registres ( suspens, humour etc) est agréable et bien équilibré. Tu sais nous tenir en haleine !
De plus, j'ai apprécié retrouver des pans de ta personnalité dans Sandrine Tremblay, ainsi que croiser les autres bloggeuses. On se rend compte de l'ampleur du projet et j'en suis admirative !
Si je pouvais vous soumettre un petit conseil, ce serait de créer une sorte d'organigramme avec le nom des personnages ,leurs maisons, les liens qui les unissent si on a oublié quelqu'un ou loupé un épisode. Je crois en plus que tu es douée en dessin ?! Ca pourrait être sympa, mais après à vous de voir, ce n'est qu'un détail, hein !
Hate de lire la suite,
Bises :)
Je compatis :O Ça me fait toujours ça et c'est horrible !
EffacerOoooooh, merci, ton commentaire me fait très plaisir ♥ Si j'ai réussi à mettre un peu de magie de Poudlard dans mon texte, alors je suis ravie *-*
Je prends ton idée en note ! C'est vrai que ça pourrait être pratique et agréable à faire/consulter. Je réfléchis un peu à la forme, mais je vais essayer d'en faire un :D
Merci et bisous ! ^^
Ooooooooooooooooooh !!!! Je veux la suite, vite !!!!
RépondreEffacerYeeeeeah ! (Moi aussi en fait, même nous on l'a pas encore lue XD )
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